L’invitation d’exposer au Musée Stéphane Mallarmé a éveillé en moi une certaine émotion. J’ai eu l’impression de me retrouver dans la maison de ma grand-mère paternelle, antiquaire à Paris et qui avait une maison en Normandie. La “même” décoration, les “mêmes” tableaux. Et comble du comble, à l’étage le “même” sol en tomettes, comme j’en ai toujours rêvé.
Le jardin de Stéphane Mallarmé aurait pu être le sien…Le jardin de ma grand-mère est inscrit à jamais dans mon cœur.
Cette émotion que j’ai rencontrée au Musée de Stéphane Mallarmé provient aussi du poète lui-même. Mes arrières arrières grands-parents, toujours paternels, étaient mécènes. Ils ont soutenu, acheté les œuvres, et accueilli bon nombre d’impressionnistes, d’écrivains, de musiciens de l’époque.
Cette photo en témoigne. Mon aïeule se trouve allongée sous Le déjeuner sur l’herbe de Manet. Il se trouve qu’il s’agit de l’esquisse, néanmoins considérée comme “le tableau” car le premier réalisé. Manet et Mallarmé étaient en fait très amis.
Voilà, me retrouver dans ce musée qui était la maison de campagne de Stéphane Mallarmé me fait revisiter une partie de mon histoire. C’est très émouvant pour moi de me retrouver à exposer en tant qu’artiste dans un lieu habité par un homme qui a du connaître mes aïeuls.
Il y a quelques années je partageais déjà mon émotion lorsque j’ai découvert que mon aïeule avait été mécène. Cela m’évoquait davantage ma difficulté à m’assumer à être artiste, alors même que mes aïeuls n’avaient eu de cesse de les soutenir et de les faire vivre.
Le déjeuner sur l’herbe exposé à la Tate à Londres a été vendu par mes aïeuls pour payer une cure à mon arrière arrière grand-père atteint de tuberculose.